et surtout qu'elle l'est des caractères essentiels de la classe, de l'ordre et
même du genre auxquels cet animal appartient. Il en résulte que l'étude de ces
productions animales est un excellent moyen pour constater l'existence et les
caractères principaux de quantité d'animaux fort intéressans à connoître.
Il est, en effet, prouvé maintenant, par l'observation, que deux animaux
différens ne peuvent habiter deux coquilles parfaitement semblables ; et que
deux coquilles complètes, offrant des différences constantes, ne peuvent
appartenir à la même espèce d'animal. Ces faits d'observation décident la
question relative à l'intérêt de nos collections de coquilles, pour nous former
une idée de l'existence d'un grand nombre d'animaux que nous trouvons
difficilement occasion d'observer eux-mêmes, et pour indiquer, dans nos
distributions méthodiques, les divisions mêmes, grandes ou petites, auxquelles
ces différens animaux doivent être rapportés.
Le naturaliste, qui observe et étudie les coquilles, remarque en elles
non-seulement tous les faits qui tiennent à leur formation, ce qui étend
nécessairement ses connoissances sur l'organisation et la conformation des
animaux d'où elles proviennent ; mais il observe, en outre, que ces enveloppes
solides semblent participer aux influences des climats, des milieux habités, des
profondeurs grandes ou petites dans les eaux, etc., parce que les animaux qui
subissent réellement ces influences, laissent, dans ces mêmes enveloppes, des
traces qui les indiquent.
Bientôt sa surprise devient très-grande, lorsqu'en examinant les coquilles
fossiles enfouies dans le sol sur lequel il vit, formant souvent des bancs
considérables près de la surface de la terre, au milieu même de nos continens,
il en reconnoît plusieurs pour être les mêmes que celles qui vivent maintenant
dans la mer. Sa surprise s'accroît encore lorsque, parmi celles-ci, il en
reconnoît plusieurs qui vivent actuellement sous une température très-différente
de celle des lieux où il les trouve dans l'état fossile.
Quelle vive lumière cette importante considération ne répand-t-elle pas sur la
théorie de la terre, et particulièrement sur les causes de l'état actuel de sa
surface !
Sans l'étude des fossiles et des analogues retrouvés dans l'état frais ou
vivant, auroit-on jamais soupçonné les changemens énormes que la surface de
notre globe paroît avoir éprouvés successivement dans ses différens points, et
qu'elle continue probablement d'éprouver toujours, quoique avec l'extrême
lenteur qui caractérise toutes ses mutations ?
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