habitudes auxquelles les diverses races se sont livrées. En effet, les uns
vivent sur la terre, d'autres dans les eaux douces, et d'autres enfin dans les
eaux salées des mers. Aussi, dans les premières classifications qui ont été
faites pour la distribution des coquilles, on les a distinguées en coquilles
terrestres, coquilles fluviatiles et coquilles marines.
Depuis que l'on a senti l'importance des rapports, et la nécessité de les
considérer pour régler la méthode, c'est-à-dire, pour rendre la distribution des
animaux plus conforme à l'ordre de leur production par la nature, on a été
obligé d'abandonner cette distinction fondée sur les lieux d'habitation des
coquillages. Néanmoins, comme cette même distinction est extrêmement utile pour
faciliter les progrès de la Géologie, j'ai rassemblé quelques caractères qui
peuvent faire connoître, à l'inspection d'une coquille, si elle est terrestre,
ou fluviatile, ou marine : j'en ferai l'exposition tout-à-l'heure.
On ne sauroit douter que les coquillages ne soient réellement des animaux
aquatiques, au moins d'origine, et même tous des animaux marins : en sorte que
ceux qui vivent maintenant sur la terre, en proviennent originairement. Aussi,
ces derniers conservent-ils un grand penchant pour l'humidité, pour les lieux
ombragés qui la maintiennent, et sortent-ils de leur retraite dans les temps où
les variations de l'atmosphère en produisent. On a remarqué que lorsqu'une
région, dépouillée par l'homme des grands végétaux qui l'ombrageoient et qui
protégeoient son sol, est devenue très-sèche, on n'y trouve plus ou presque plus
de coquillages terrestres. Dans presque toute la Perse, qui est maintenant à nu,
Bruguières et Olivier ont vainement cherché de ces coquillages. Cependant,
comme, avec le temps, les habitudes, insensiblement changées, exercent, sur les
animaux qui s'y sont assujettis, des changemens très-remarquables, on a vu, en
Italie, certaines hélices supporter l'ardeur même du soleil dans les temps de
chaleur. A la vérité, ces coquillages sont alors dans un état stationnaire. Sauf
cette particularité dont je viens de rendre raison, presque tous les coquillages
terrestres n'en offrent pas moins un penchant pour l'humidité, qui décèle leur
origine.
Bruguières remarque, avec raison, que les coquilles terrestres, quoique
répandues à peu près sur toute la surface de la terre, sont moins connues que
les coquilles marines. Cela vient sans doute de l'habitude que l'on contracte
aisément de dédaigner les objets les plus ordinaires, ceux que l'on foule aux
pieds tous les jours, pour rechercher avec enthousiasme d'autres objets de même
nature, mais rares et recueillis dans
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