des contrées lointaines. Cela vient aussi de ce que les coquilles terrestres
sont, en général, minces, fragiles, un peu difficiles à transporter, et que
beaucoup d'entre elles sont petites et ont peu d'éclat.
Cependant, les coquillages terrestres, se trouvant naturellement autour de nous,
et vivant dans les lieux que nous habitons, sont, par cette raison, plus utiles
à connoître que les coquilles rares des contrées éloignées. En effet, d'une
part, plusieurs de ces coquillages peuvent servir d'aliment, et sous ce point de
vue offriroient peut-être au peuple une ressource dans des circonstances
urgentes ; et de l'autre part, les coquillages terrestres sont plus ou moins
nuisibles à l'agriculture. Or, qui est-ce qui ne sent pas que des recherches
particulières qui les auroient pour objet, ne pussent, avec le temps, fournir
des moyens, soit de s'opposer efficacement à leur trop grande multiplication,
soit de retirer un parti plus avantageux de ceux qui sont comestibles ? Les
Romains, ajoute Bruguières, à qui aucune espèce d'économie n'étoit étrangère,
avoient des escargotières (cochearia), dans lesquelles ils nourrissoient et
engraissoient des escargots, c'est-à-dire, des coquillages du genre des hélices.
Ces coquillages, nourris dans des lieux convenables qui leur étoient destinés,
et y trouvant une nourriture abondante, parvenoient à un accroissement
quelquefois extraordinaire, et toujours plus considérable que celui que nous
leur connoissons. Ils pouvoient donc fournir un aliment abondant, sain, et
peut-être très-délicat.
Comme je l'ai fait sentir, ce sont les lieux frais, humides, ombragés, et
principalement ceux qui se trouvent dans le voisinage des eaux, surtout des eaux
courantes, qui sont les plus favorables à l'habitation et à la multiplication
des coquillages terrestres. C'est là qu'il en faut faire la recherche, et c'est
dans de pareils endroits qu'on peut essayer de les multiplier et les engraisser.
En cela, nous imiterions l'usage où nous sommes depuis long-temps de former des
parcs, dans le voisinage de la mer, pour y conserver et y multiplier des huîtres
qui sont, pour nous, un mets agréable.
Les hélices se réfugient aussi en grand nombre dans les vignes, dont elles
entament les fruits, dans les haies et dans les ouvertures des vieilles
murailles, où elles trouvent des abris contre les rigueurs de l'hiver. Elles
fuient, en général, les endroits nus et exposés au soleil ; on y en trouve,
néanmoins, mais en petit nombre ; on y voit aussi de petites espèces qui peuvent
facilement se cacher sous les pierres pour éviter l'ardeur du soleil. Beaucoup
de ces petites espèces vivent sous la mousse qui croît au pied des arbres, ou
parmi
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