la distribution dont il s'agit, doit au moins, par sa composition et sa
disposition, nous mettre sur la voie d'apercevoir cet ordre de la Nature, de
reconnoître les lois diverses employées à son exécution, en un mot, les causes
qui le font varier et qui le privent de la simplicité qu'il auroit sans elles.
Nous pouvons d'autant plus donner ces grands avantages à nos distributions, que
la Nature nous fournit elle-même les moyens d'y parvenir, ayant éminemment
caractérisé ses productions par les rapports prochains ou éloignés qu'elle a mis
entre les unes et les autres ; rapports qu'il ne s'agit que de connoître et
d'apprécier convenablement.
C'est là, certainement, le vrai but de nos distributions des corps naturels ; au
moins ce le doit être. Tant que cette vérité ne sera pas reconnue, les sciences
naturelles seront sans fondement, toujours livrées à l'arbitraire de ceux qui
s'en occuperont, et par suite sans stabilité réelle.
Il n'y a pas jusqu'aux rapports eux-mêmes, dans la détermination desquels
l'arbitraire n'ait su s'introduire. Il parvient à en dénaturer l'emploi, de
notre part, en confondant l'appréciation des rapports généraux avec celle des
rapports particuliers, et surtout avec celle des rapports qui s'observent entre
des parties considérées isolément. Ainsi, tant qu'on ne reconnoîtra pas les
principes qui doivent guider l'appréciation des différens ordres de rapports,
nos distributions continueront d'être arbitraires et vacillantes, et ce moyen si
intéressant, que nous offre la Nature, pour régler ces distributions, se
trouvera nul pour nous. V. l'article RAPPORT.
Tel est effectivement l'état où se trouvent encore les sciences naturelles,
c'est-à-dire ces parties de nos études de la Nature auxquelles on donne
communément le nom de sciences, parce qu'on a le sentiment qu'elles doivent en
constituer de véritables, et qu'il ne s'agit en effet, pour cela, que de les
fonder, que de leur assigner des principes non variables, que de leur donner
pour base une philosophie propre à écarter tout arbitraire à leur égard.
Assurément les corps inorganiques sont aussi des productions de la Nature, cela
est incontestable ; cependant ces corps, susceptibles comme les autres de subir
des changemens, des altérations, des destructions et des renouvellemens, ne se
régénèrent jamais eux-mêmes. Ils ont donc une source particulière,
très-différente de celle qui entretient l'existence des corps vivans. Si nous
eussions mieux étudié la Nature, sa marche et les lois qu'elle emploie dans
chaque sorte de circonstance, cette source seroit plus facilement aperçue. La
minéralogie ne seroit pas réduite à se taire à ce sujet, et on ne diroit pas que
la molécule intégrante de chaque espèce de
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