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suivant les mêmes théories, les facultés de repousser, d'attirer, etc.

Sans doute, c'est d'après des faits très-positifs et bien constatés qu'on a 
établi, comme principes, ces résultats d'observation. Néanmoins, ces prétendus 
principes ne peuvent être que des erreurs, quoiqu'ils soient appuyés sur des 
faits certains, parce qu'on n'a pas fait attention que les facultés de mouvement 
attribuées aux matières que je viens de citer, ne sont qu'accidentelles, que 
circonstancielles, et non réellement propres à ces matières ; enfin, parce qu'il 
ne peut être vrai qu'aucune matière, quelle qu'elle soit, puisse avoir en 
elle-même du mouvement, de l'activité, en un mot, la faculté de faire quelque 
chose.
 

Mais, dira-t-on, les fluides cités ne se montrent jamais que dans un état 
d'activité, un état de pouvoir. Cela se peut : mais que doit-on en conclure, 
sinon que nous n'avons de moyens pour les observer, que lorsqu'ils sont dans cet 
état.
 

L'air atmosphérique, fortement comprimé dans un fusil à vent, a le pouvoir, dès 
qu'on lâche la détente, de chasser une balle à une grande distance, et même de 
lui faire percer une planche de médiocre épaisseur. Oseroit-on dire, d'après 
cela, que le propre de l'air soit d'avoir du mouvement ! non : l'ayant observé, 
dans d'autres circonstances, on s'est convaincu qu'il n'en a aucun par lui-même. 
Or, je demande s'il est impossible qu'il y ait des matières que nous ne 
puissions apercevoir que lorsqu'elles sont dans un état de mouvement par des 
causes hors d'elles.
 

Quant à moi, je suis très-persuadé qu'il en existe qui sont tout-à-fait dans ce 
cas ; et ce que j'ai publié sur la matière du feu, sur les différens états dans 
lesquels elle peut se trouver par diverses causes, en un mot, sur le calorique 
(1), fait voir que ce calorique n'a les facultés qu'on lui observe, 
qu'accidentellement ; qu'il cesse progressivement de les posséder à mesure qu'il 
les exerce ; qu'on ne peut obtenir nulle part un degré soutenu de chaleur, qu'en 
y faisant affluer continuellement du nouveau calorique, chaque portion agissante 
arrivant promptement à un affoiblissement graduel 

(1) Voyez dans l'Introduction de l'Histoire naturelle des animaux sans 
vertèbres, à la page 171, et surtout dans la note de cette page, mes principes à 
ce sujet. Voyez aussi, dans mes Mémoires de physique et d'histoire naturelle, 
les paragraphes 332 à 338, offrant les principaux développemens de ma Théorie du 
feu. Ce sujet a trop d'importance pour qu'on néglige de prendre en considération 
toute vue qui tend à y répandre du jour. La matière du feu, dans quelque état 
qu'elle soit, joue un si grand rôle dans la plupart des faits que nous observons 
! 

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