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aussi ce sont les premières idées que nous ayons pu acquérir après notre 
naissance, et que nos divers sens, ainsi que notre expérience, concourent à 
perfectionner ; ce qui est bien connu. Il n'en est pas de même des idées 
complexes : celles-ci ne sont jamais le produit direct d'aucune sensation ; mais 
celui d'opérations de notre entendement, qui s'exécutent entre des idées déjà 
existantes, déjà imprimées dans notre organe. Elles sont donc nécessairement 
postérieures aux premières idées acquises. Or, comme les premières idées ne 
peuvent s'obtenir que par la voie des sensations, et qu'avec celles-ci on en 
peut former de complexes, comme avec ces dernières on en peut former d'autres 
qui le sont encore, mais d'un degré plus élevé et ainsi de suite, il en résulte 
que toutes les idées complexes proviennent indirectement de la sensation ; et 
qu'en dernière analyse, toute idée quelconque a pris sa source dans la sensation 
: ce que les anciens avoient aperçu, et ce qui constitue notre second principe, 
exposé au commencement de cet article.
 

Ainsi, toute idée complexe en renferme réellement plusieurs autres, soit 
simples, soit compliquées, dans un degré quelconque, puisque ces autres idées 
furent nécessaires à sa formation : en l'analysant, on peut effectivement les y 
retrouver.
 

Par exemple, les idées que nous avons de la vie, de la nature, de la végétation, 
etc., etc., sont des idées complexes ; celles que nous avons de l'amour, de la 
haine, de la crainte, etc., le sont pareillement ; et ces idées en renferment 
beaucoup d'autres.
 

Il s'agit, maintenant, de savoir s'il nous est possible de déterminer le mode 
physique de la formation de ces idées complexes ; et si, en nous aidant de ce 
que nous savons déjà, relativement aux idées simples, nous pouvons parvenir à 
assigner le mécanisme le plus probable des idées dont il s'agit.
 

Pour préparer et faciliter la solution de cette question difficile, je crois 
devoir présenter les deux considérations suivantes, et pouvoir m'en autoriser 
dans cette recherche :
 

1° Tout ce que nous observons ou pouvons observer, ne concerne que les objets 
que la nature nous présente ou que les faits qu'elle exécute elle-même. Or, ces 
objets et ces faits sont nécessairement physiques ; car elle n'a d'autre domaine 
que la matière, que les corps qui en sont formés ; et c'est avec ces objets 
qu'elle opère les faits et les différens phénomènes que nous observons ;
 

2° La formation des idées simples est évidemment le résultat d'actes organiques, 
et conséquemment de faits parfaitement physiques ; je crois l'avoir clairement 
établi. Pourquoi celle des idées complexes, quoique sans doute plus 

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