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comment la nature avoit amené progressivement, d'abord les organes qui peuvent 
donner lieu aux sensations, ainsi qu'au sentiment intérieur des animaux 
sensibles, ensuite ceux qui sont essentiels à la production des idées dans les 
animaux intelligens. N'étant pas nécessaire de répéter ici ces considérations, 
je renvoie à la Philosophie zoologique (vol. 2, page 353 et suiv.), où elles 
sont exposées, et je me borne à examiner comment une idée peut se former, et 
dans quel cas une sensation peut la produire.
 

Afin que l'on puisse concevoir comment une idée peut se former, il faut, avant 
tout, faire connoître la condition essentielle à la formation de toute idée 
quelconque.
 

Condition essentielle à la formation des idées. Un acte organique préparatoire, 
exécuté par le sentiment intérieur de l'individu, lorsqu'un besoin l'y provoque, 
est absolument nécessaire à la formation de toute idée et de tout acte 
d'intelligence. Cet acte, auquel nous avons donné le nom d'attention, que nous 
remarquons facilement, et dont nous n'avons jamais recherché la nature, n'est 
point une sensation, une idée, une opération intellectuelle quelconque : c'est 
une simple contention des parties de l'organe, qui met celui-ci dans le cas de 
recevoir l'impression essentielle à la formation de l'idée, et qui seule lui 
donne le pouvoir d'exécuter toute autre opération de l'intelligence.
 

Pendant la veille, nos sens, tous ou la plupart, frappés par tous les objets qui 
nous environnent, reçoivent nécessairement des impressions diverses de tous 
côtés. Ces impressions néanmoins ne forment pas en nous des idées : nous voyons 
les objets, nous entendons les bruits et les sons, nous touchons même les corps 
; et cependant toutes ces impressions que nos sens reçoivent, peuvent être sans 
résultat pour notre intelligence, et avoir lieu sans nous donner une seule idée. 
Mais si, à la provocation d'un besoin, notre sentiment intérieur exécute l'acte 
préparatoire aux opérations intellectuelles ; ou, en d'autres termes, si nous 
nous mettons en état d'attention, et si nous fixons cette attention sur un objet 
quelconque qui frappe nos sens, dès lors une ou plusieurs idées se forment en 
nous ; les impressions que nous recevons, par la voie de la sensation, ne sont 
plus sans résultat ; elles parviennent dans notre organe, y rapportent les 
images des objets qui nous ont affectés, les y tracent, plus ou moins 
profondément ; et alors nous avons la faculté de rendre sensibles ou présentes à 
l'esprit, les idées qui en résultent. Par la suite, quoique les objets remarqués 
ne soient plus présens, comme leurs impressions sont gravées dans notre organe, 
que leur image y est tracée, nous avons encore, pendant un 

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