A la connaissance partielle de la pensée de Lamarck, s'ajoutait une lecture
hâtive des œuvres de ces naturalistes définis comme “ lamarckiens ” italiens par
Lessona, Camerano, Rosa et Fenizia. En 1902, Camerano fournissait une liste des
“ adeptes des théories lamarckiennes ”, laquelle comprenait les noms de Giuseppe
Gautieri (1769-1833 ), Michele Foderà (1793-1848), Franco Andrea Bonelli
(1785-1830) et Francesco Costantino Marmocchi (1805-1858). Camerano connaissait
bien les manuscrits de Bonelli, dont il dirigea la transcription et la
publication, et il avait tiré des écrits de Lessona, Fenizia et Rosa des
renseignements sur Foderà et Marmocchi. En ce qui concerne Gautieri, l'essai de
1902 démontrait clairement que Camerano n'avait pas lu Slancio sulla genealogia
della terra e sulla costituzione dinamica dell'organizzazione, publié par le
médecin italien en 1805 (2).
L'examen des textes et la carence de renseignements couramment disponibles sur
quelques naturalistes mentionnés par Camerano modifient de façon significative
la liste des « lamarckiens » italiens ; et en vérité, comme nous le verrons, ils
imposent un éclaircissement critique du concept même de « lamarckisme italien ».
Camerano lui-même, dans un mémoire de 1906, reconnaissait que le premier auteur
de sa liste, Giuseppe Gautieri, ne pouvait absolument pas être considéré comme
un adepte de Lamarck, dans la mesure où il semblait ignorer les doctrines
exposées dans le Discours d'ouverture de l’an VIII, ou dans les Recherches sur
l'organisation des corps vivants publiées par le naturaliste français en 1802
(3).
Gautieri, médecin piémontais descendant d'une riche famille de Novara, avait
séjourné longtemps en Allemagne et en Autriche, et il y avait publié des œuvres
présentant un certain intérêt en médecine et en minéralogie. De retour en Italie
en 1800, Gautieri avait trouvé un emploi dans la bureaucratie napoléonienne, où
il occupa des postes importants au Conseil des Mines et dans l’administration
des Eaux et Forêts. En Allemagne, Gautieri s'était rapproché de la jeune école
de la Naturphilosophie et, de façon significative, il avait dédié son œuvre
Slancio sulla genealogia della terra « au fondateur de la philosophie de la
nature, l'immortel Schelling ». Le médecin italien, toutefois, ne négligeait pas
d'utiliser les doctrines élaborées par Du Maillet, Erasme Darwin et Buffon ; il
tirait de leurs œuvres une série d'exemples destinés à démontrer que le besoin,
le désir ou la nécessité modifiaient les formes des corps vivants, ou les
enrichissaient de nouveaux organes, Ainsi par exemple,
(2) L. Camerano, Contributi alla storia delle teorie Lamarckiane in Italia. Il
corso di zoologia di Franco Andrea Bonelli, Atti della R. Accademia delle
Scienze di Torino, XXXVII, 1902, p. 455-464 ; Id., I manoscritti di Franco
Andrea Bonelli, Atti del Congresso internazionale di Scienze Storiche (Roma, 1-9
Aprile 1903), XII, 1904, p. 203-209 ; Id., Materiali per la storia della
zoologia in Italia nella prima metà secolo XIX, Bollettino dei Musei di Zoologia
e di Anatomia Comparata della R. Università di Torino, vol. XX-XXIV, 1905-1909,
n. 486, 526, 535, 536, 579, 586, 591, 601, 606. C. Fenizia, Storia della
evoluzione, con uno breve saggio di bibliografia evoluzionistica, Milano, 1901.
D. Rosa, La « Zoogenia » di F. C. Marmocchi, Bol. dei Mus. di Zool. e di Anat.
comp. della R U di Torino, VI, 1981, n. 95.
(3) L. Camerano, Materiali per la storia della zoologia in Italia nella prima
metà del secolo diciannovesimo. II, Boll. dei Mus. di Zool e di Anat. comp.
della R U di Torino, XXI, 1906,. n. 526.
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