« la queue du pic, qui doit rester immobile et dans une position perpendiculaire
sur les arbres, s'affermit de façon à se durcir et à lui servir de soutien. Le
cou de la girafe, qui se nourrit des feuilles des arbres, s'est allongé et ses
pattes postérieures se sont raccourcies » (4).
Gautieri n'était pas sans connaître les thèses de Cabanis sur le rapport entre
structures organiques, sensations et habitudes ; mais il opposait une critique
respectueuse à quelques points des doctrines de son collègue français :
“ Ce n'est pas que je prétende démontrer, par les exemples ici énoncés, que le
désir, et avec celui-ci, la sensation furent continuellement antérieurs à la
formation des organes, alors que l'on sait bien que l’animal, selon Cabanis,
éprouve quasi nécessairement tel désir en fonction de tel organe et telle
impression ; néanmoins, j'ose faire observer que les besoins ont stimulé et
induit des désirs eux-mêmes chez l’animal, et que le changement survenu dans ces
besoins a dû concourir, soit au développement de nouveaux organes, soit au
perfectionnement des organes préexistants ” (5).
Elève de Schelling, lecteur de Darwin, Du Maillet, Buffon et Cabanis, initiateur
d'une culture naturaliste vaste mais superficielle, Gautieri n'était
certainement pas un “ adepte ” des idées de Lamarck, même si beaucoup de ses
observations rappellent des considérations analogues développées par le
naturaliste français.
Michele Foderà, second “ lamarckien ” italien sur la liste de Camerano, fut
indubitablement un naturaliste de valeur que les historiens de la science,
italiens et français, ont trop et injustement négligé. Foderà, natif de
Girgenti, vécut quatorze ans à Paris ; il y suivit les cours de médecine et les
leçons de nombreux professeurs du Museum. Dès son arrivée en France en 1818, le
médecin sicilien commença à fréquenter le laboratoire de Magendie, avec qui il
travailla ensuite en étroite collaboration. Ses Recherches expérimentales sur
l’absorption et l’exhalation, lues à la Société médicale d'émulation en 1822,
lui valurent la même année d’être nommé correspondant de l'Institut, comme
successeur du défunt Domenico Cotugno (1733-1827). La majeure partie de ses
œuvres
(4) G. Gautieri, Slancio ..., Iena (Novara), 1805, p. 11 ; Id., Istruzione al
popolo sulla vaccina, Novara, 1803 ; Id., De Tyrolensium, Carynthium,
Styriorumgue Struma, Vienna, 1794 ; Id., Dello influsso de' boschi sullo stato
fisico de' paesi e sulla prosperità delle nazioni, Milano, 1814.
(5) G. Gautieri, Slancio..., op. cit. (n. 4), p. 12. Voir L. Camerano, op. cit.
(n. 3), p. 4
|