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Documents sur les auditeurs de LamarckP.Corsi, "Lamarckians" and "Darwinians" in Turin, 1812-1894 (in french)
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En 1810, au cours d'une de ses missions destinées à réorganiser l'enseignement 
supérieur dans les territoires soumis à l'influence française, Georges Cuvier 
garda une impression favorable des connaissances scientifiques de Franco Andrea 
Bonelli, jeune entomologiste qui avait été désigné, par l'Académie des Sciences 
de Turin, pour succéder à son maître, Giorna, en tant que membre de l'assemblée 
scientifique. Cuvier invita Bonelli à Paris afin de compléter et de mettre à 
jour sa préparation scientifique au Muséum. Le jeune entomologiste fut 
particulièrement influencé et de façon durable, par son séjour dans la capitale 
française ; plusieurs semaines après son arrivée à Paris, il écrivait à son 
frère en ces termes :
 

« La visite au Musée, que Cuvier m'a fait effectuer dans son ensemble, et que 
j'examinerai minutieusement, m'a offert un tel spectacle qu'il mérite bien que 
l'on fasse trois cents lieues pour l'aller voir. Les prévenances dont firent 
preuve à mon égard Cuvier, Lamarck et Geoffroy, ainsi que tous les assistants 
naturalistes, furent pour beaucoup dans l'affection dont je me pris pour ces 
lieux. (...) Aujourd'hui, j'ai rendu visite à M. Lamarck, qui, ayant découvert 
que je suis partisan de plusieurs de ses idées, s'est particulièrement pris 
d'affection pour moi, m'instruit en beaucoup de choses, et m'accorde de grandes 
facilités pour étudier les animaux invertébrés » (3).
 

Bonelli revint en 1811, pour occuper la chaire de zoologie de l'Université de 
Turin, obtenue grâce aux bons offices de Cuvier. Les manuscrits bonelliens 
conservés à la bibliothèque du Museo Zoologico, ainsi que ceux qui furent 
déposés à l'institution turinoise par le fils du naturaliste, à la fin du XIXe 
siècle - et publiés pour la plupart par Camerano-, permettent d'établir de 
quelle manière Bonelli adhéra aux idées de Lamarck et quelles sont les limites 
de cette adhésion. L'entomologiste piémontais adoptait une des thèses 
fondamentales de la Philosophie Zoologique et de l'enseignement de son collègue 
français, concernant le « mouvement et marche de la nature vivante » :
 

« La nature tend à se modifier par deux motifs et deux marches différentes ; 
l'une est indépendante, l'active, l'autre est soumise aux circonstances, c'est 
la passive. L'indépendante est celle par laquelle elle tend naturellement à se 
développer, à se perfectionner. L'autre marche est celle que les êtres tiennent 
en mettant leurs fonctions, et par conséquent leur organisation, en rapport avec 
les circonstances environnantes. (...) C'est par cette tendance que dans les 
animaux, quelquefois [dans] le plan suivant lequel s'est perfectionnée leur 
organisation, se développent des parties, que s'en effacent d'autres, que des 
accidents infinis se déclarent sur leur corps et nous servent de base pour 
fonder la distinction des espèces » (4). 

© 2000-2006, CNRS-Centre Alexandre Koyré, histoire des sciences et des techniques, UMR 8560. Directeur de publication : Pietro Corsi - version du site : 4.5.1
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