lant ainsi sa théorie sous forme polémique, le but de LAMARCK était d'amener ses
adversaires à entamer une controverse qui eût servi à faire connaître ses idées
et, pensait-il, à les faire triompher. Mais pas plus que ses Recherches, sa
Réfutation ne parvint à fixer l'attention du monde savant ; cet échec ne le
lassa point et nous savons qu'il entreprit en 1797 de lire à l'Institut une
suite de quelques mémoires sur le même sujet. Il fut, cette fois encore, trompé
dans son attente et l'effet fut tout autre qu'il ne l'avait pensé. Devant le
mépris qui accueillit ses idées, et le refus que firent les chimistes de
discuter aucune des questions présentées (1), il cessa complètement ses lectures
et n'acheva même pas celle du quatrième mémoire, qui avait été commencée. Les
morceaux qu'il avait composés dans cette intention furent réunis sous le titre
Mémoires de Physique et d'Histoire naturelle (1797), sont dernier ouvrage de
physique. S'il ne publia plus que quelques articles peu étendus sur cette
science, LAMARCK n'en conserva pas moins jusqu'à la fin de ses jours, ainsi
qu'en font foi maints passages (2) de ses œuvres, d'histoire naturelle, l'intime
conviction d'avoir été le seul à interpréter sainement les phénomènes naturels
que présentent les corps inorganiques.
(1) « Quelle peut donc être la cause, dit-il dans son hydrogéologie (1802, p.
164), qui rend les intérêts des chimistes et les miens si opposés à cet égard ?
J'ai désiré et provoqué partout l'examen authentique des considérations
nouvelles que je suis parvenu à découvrir : partout les chimistes ont mis le
plus grand soin à éviter cet examen et toute discussion écrite sur ce sujet.
(2) C'est d'abord son « Hydrogéologie » (1802), où, en outre de la reproduction
en appendice des deux « Mémoires sur le feu et sur le son, » paru dans le
Journal de Physique, il consacre la plus grande partie du IVe chapitre à un
nouvel exposé de sa théorie : « Il n'est pas vrai, y est-il dit entre autres
choses, et il me paraît même absurde de croire que l'air pur qu'on avait nommé à
juste titre air vital et que les chimistes appellent maintenant gaz oxygène,
soit le radical des matières salines, c'est-à-dire soit le principe de
l'acidité, de la causticité et de toute salinité quelconque, il y a mille moyens
pour réfuter cette erreur sans possibilité de réplique (p. 160)... Cette
hypothèse, la meilleure de toutes celles qu'on avait imaginées lorsque Lavoisier
la conçut, ne peut plus maintenant se soutenir depuis que j'ai découvert ce
qu'est réellement le calorique » (p. 161).
Mais il insiste surtout sur sa conception personnelle qui donne une origine
organique à tous les composés et devait servir aussi de base à toute la seconde
partie de sa « Philosophie zoologique » (1809), et plus particulièrement aux
chapitres VII - des résultats immédiats de la vie dans un corps, et VIII - des
facultés communes à tous les corps vivans. En 1816, dans la troisième partie de
l'introduction à l'« Histoire des Animaux sans Vertèbres », il affirme encore sa
conviction en la justesse de ses vues : « J'ai publié, dit-il, ce qu'il y a de
plus probable sur la théorie de ce singulier fluide - le calorique - et l'on y
aura égard lorsque les étranges hypothèses actuellement en crédit cesseront
d'occuper la pensée des physiciens. » En note il renvoie encore le lecteur à ses
« Recherches sur les principaux faits physiques » et à ses « Mémoires de
physique et d'histoire naturelle».
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