Home Quick search by word (titles and texts)
Documents sur les auditeurs de LamarckG. Laurent, Paleontology and Evolution : The Société géologique de France, a place for freedom (in french)
Page browser
|<  << Page : 5 >> >|
publiquement sa mémoire face à une affirmation à ses yeux injustifiée de 
l’orateur précédent :  “répondant à ce que M. Geoffroy Saint-Hilaire a exposé 
dans la séance précédente en présentant son opuscule intitulé ‘Paléontographie’, 
(il) réclame en faveur de notre célèbre Lamarck la priorité de cette idée, que 
les animaux sont modifiés dans leur organisation par les circonstances 
ambiantes. Cette thèse, dit-il, a été développée par Lamarck, non seulement dans 
sa philosophie zoologique, en 1809, mais encore dans sa belle introduction à 
l’histoire des animaux sans  vertèbres, 1815”. (Intervention à la Société 
Géologique, Bulletin de la Société géologique de France, (1), t.4, 1833-1834, 
p.99). Darwin avait pris bonne note de cette intervention : “G. St. Hilaire has 
written ‘opuscule’ entitled ‘Paleontographie’ developing his ideas on passage of 
forms - Deshayes states Lamarck priority refers to introduction to Animaux Sans 
Vertèbres as latest authority”. (Barrett Paul et alii, Charles Darwin’s 
Notebooks, 1987, Notebook B, p.215,178e). C’est d’ailleurs Deshayes qui, en 
1835, avec Henri-Milne Edwards (1800-1885), rééditera, en la complétant de tous 
les apports nouveaux qu’elle avait suscités,  son Histoire naturelle des Animaux 
sans vertèbres, qui était devenue l’instrument indispensable de travail des 
conchyliologistes, “unentbehrlich”, comme l’assurait la revue allemande de 
Wiegmann, Archiv für Naturgeschichte, Dritter Jahrgang, Zweiter Band, 
Berlin,1837, p.267.
 

En 1834, Ami Boué de nouveau, affirmait ne pas croire  davantage à l’idée 
“ancienne”  de la  fixité des espèces qu’il ne croyait aux catastrophes. Dans 
cette question, il préfère lui aussi au fixisme de Cuvier les idées développées 
par “les Lamarck, les Geoffroy et autres grands naturalistes”, et rejette la 
prétention à “circonscrire  l’espèce dans un cercle duquel on  dirait que nous 
voulons obliger la nature à ne pas sortir”.  La  géologie, assure-t-il,  devrait 
 être  débarrassée  de tout “cet attirail de cataclysmes, et de fééries de 
créations détruites et reproduites, héritage inconsidérément accepté par des 
zoologistes paléontographes”. (“Résumé des progrès des sciences géologiques 
pendant l’année 1833”, Bulletin de la Société géologique de France, (1), t.5, 
1834, VII-518 pages, cit. p.113-114-115, 118). 
 

Quelques années plus tard,  un membre peu connu de la Société, dans une courte 
intervention lors d’une séance, fait remarquer à ses collègues que  : “Les 
règnes végétal et animal, par le nombre, la variété et la succession des espèces 
qu’ils présentent dans les diverses couches du globe, ont donné lieu aux trois 
hypothèses suivantes, entre lesquelles on semble forcé de choisir, et qui 
partagent en effet tous ceux qui ont quelque intérêt à ce genre de questions : 
1° ou il n’y a eu qu’une seule époque de création et persistance des espèces 
primitivement créées dans leurs formes premières ; 2° ou une seule époque de 
création avec transmutation graduelle des espèces les unes dans les autres ; 3° 
ou enfin des créations successives à différentes époques” ( Intervention à la 
Société, Bulletin de la Société géologique de France, (1),   t.12, 1840-1841, 
p.110-111). 
 

C’est un des témoignages auquel on peut attribuer la plus grande valeur de 
vérité historique, car il émane d’un géologue de la base. Par conséquent, il est 
entièrement crédible, car un homme de ce rang ne peut pas se permettre de dire 
n’importe quoi, comme pourrait le faire un grand “mandarin”, dont on sait que 
plus ce qu’il dit est stupide, plus certains inconditionnels trouvent que c’est 
génial ! Et 

© 2000-2006, CNRS-Centre Alexandre Koyré, histoire des sciences et des techniques, UMR 8560. Directeur de publication : Pietro Corsi - version du site : 4.5.1
CMS : ICEberg-DB v3.0, © 1999-2006, CNRS/CRHST-Stéphane Pouyllau.