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Documents sur les auditeurs de LamarckG. Laurent, Paleontology and Evolution : The Société géologique de France, a place for freedom (in french)
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Beaumont, Murchison, Barrande, &c., whose general views would naturally lead 
them to this conclusion”  (“On the Geological Succession of Organic Beings”, 
Section  “On  Extinction”, On the Origin of Species,1859, chap.X ).
 
Les idées anti-catastrophistes et évolutionnistes faisaient donc “librement” 
leur chemin au sein de la Société, même dans la province…
 

 Théophile Ebray (1823-1879), un paléontologiste de l’Ouest de la France, en 
présentant ses études  d’espèces voisines d’Ammonites, affirmait à ses collègues 
que “le naturaliste se mettait plus en harmonie avec les grandes lois de la 
nature, en admettant que les êtres ne succombent pas périodiquement de manière 
absolue”, et il ajoutait : “si la transformation du milieu vital peut être 
supposée assez brusque pour détruire des espèces et des genres , on peut la 
concevoir aussi assez insensible pour faire varier à la longue leur organisation 
intérieure et leur forme extérieure ”, car  “il y a eu souvent plutôt 
modification que destruction”. (“Etude comparative des Ammonites  anceps et 
pustulatus”, Bulletin de la Société géologique de France, 2, t. 13, 1855-1856, 
p. 115). 
 

Nous avons déjà vu que le nom du père du Transformisme n’avait pas été oublié - 
ni occulté - dans les débats qui se déroulaient au sein de la Société sur les 
sujets toujours actuels qui les occupaient. Edouard Piette (1827-1906) - qui fut 
le continuateur de la Paléontologie française d’Alcide d’Orbigny - soutenait que 
“dans deux étages superposés, restes de deux époques qui se sont succédé, les 
espèces les plus voisines se relient en quelque sorte par des variétés dans les 
assises qui se touchent”. C’est dans ce fait qu’il fonde son transformisme, en 
invoquant expressément l’exemple du fondateur de la doctrine : “c’est sans doute 
cette observation qui a conduit Lamarck à sa théorie de la transformation des 
espèces”.  Et si “cette théorie n’est pas encore prouvée... il faut cependant se 
garder de (la) rejeter, car elle porte la marque du génie et elle s’accorde 
parfaitement avec les procédés de la nature qui ne fait rien de rien, et qui a 
pu transformer une espèce en une autre comme elle transforme l’embryon  en le 
faisant passer par divers états avant d’en faire un être parfait”. (“Notice sur 
les grès d’Aiglemont  et de Rimogne”, Bulletin de la Société géologique de 
France, 2, t.13, 1855-1856, p.197). Le nombre de membres de la Société, 
représentant autant de lecteurs potentiels à travers la France et l’Europe (le 
monde!...), s’élevait cette année à 526... Darwin en était !... Il venait de 
publier ses études sur les Cirripèdes, actuels et fossiles. Il devait déclarer à 
Lyell (Vie et Correspondance..., trad. Varigny, t.2, 1888, p.18), qu’il n’avait 
“puisé” dans Lamarck “ni un fait, ni une idée”. On peut bien sûr regretter qu’il 
n’y ait pas “puisé” le “fait” et “l’idée” d’utiliser les fossiles de ses deux 
volumes de paléontologie de Cirripèdes pour asseoir son transformisme. Le 
procédé, aujourd’hui encore fondamental, d’emploi des fossiles comme “pièces 
justificatives” (comme le disait Lamarck) de la théorie transformiste, avait été 
pratiqué expressément des dizaines de fois par le grand savant français, et 
cette méthode scientifique avait été suivie par ses compatriotes 
paléontologistes, et donnée par eux en exemple, comme les lecteurs du Bulletin 
pouvaient le constater.
 


A la lecture des quelques textes que nous avons rapportés - parmi d’autres -  on 
peut se faire une idée des sujets qui étaient débattus à la Société géologique 
de France. Les débats pouvaient être vifs, et les positions nettes, mais les 
témoins de l’époque attestent que les échanges étaient toujours courtois. On 
peut revenir à la 

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