son insu, sans détermination préalable, sans l’emploi d’aucune idée, et par
suite, sans la participation de la volonté : telle est, pour moi, la véritable
définition de l’instinct.
Tout être sensible, c’est-à-dire doué de la faculté de sentir, et ce n’est que
dans le règne animal qu’il en existe de cette sorte, possède un sentiment
intérieur, dont il jouit sans le discerner, qui lui donne une notion
très-obscure de son existence, ou autrement, qui constitue en lui le sentiment
de son être, et qui y donne lieu à ce moi si connu de nous, parce que nous avons
le pouvoir d’y donner de l’attention.
Ce sentiment intime d’existence, en un mot, ce moi en question nous était bien
connu, comme je viens de le dire ; mais le sentiment intérieur qui y donne lieu,
constituant une puissance, d’une part, susceptible d’être émue par tout besoin
senti, et de l’autre, capable de faire agir immédiatement, ne me paraît avoir
été reconnu par personne avant moi. On ne s’en occupa point ; on n’en rechercha
ni la nature, ni la source ; et l’instinct demeura pour nous un effet aperçu,
provenant d’une cause ignorée, reléguée, avec tant d’autres, parmi les mystères
de l’organisation, supposés impénétrables,
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