l’apparence de fondement qu’elle semble avoir ne provient que de ce qu’elles ne
sont pas assez généralement répandues, et que de ce que l’on confond le
faux-savoir avec la connaissance de la vérité, au moins à l’égard des sujets qui
sont pour l’homme d’une grande importance.
Il résulte de ces considérations que si ce que nous appellons notre savoir,
n’est pas toujours un savoir réel, ou n’est borné qu’à un petit nombre
d’individus dans une population nombreuse, il n’y a rien d’étonnant qu’il nous
soit si peu utile. Rousseau s’est douté de l’état de nos sciences ; mais il les
a condamnées et en quelque sorte proscrites d’une manière trop absolue. Cet
auteur, justement célèbre, revient souvent à la nature dans ses ouvrages, et
l’on voit qu’il avait le sentiment de l’importance de son étude, ainsi que celui
des inconvéniens, des dangers même de se mettre en contradiction avec ses lois.
Plus passionné pour la nature qu’aucune des personnes qui me soient connues, les
circonstances de sa vie ne lui permirent pas de la suivre dans sa marche, de
bien saisir ses lois, de s’en instruire suffisamment. C’est là, sans doute, ce
qui a donné lieu à la seule partie faible de son Émile ; mais les résultats où
il tendait partout, quoiqu’en indiquant des voies impropres, quel- [quelquefois]
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