des espèces auxquelles ils appartiennent, n'est point indifférent ; il exige de
la part du Botaniste qui les amasse, assez de connoissance & d'attention pour
lui faire éviter de s'arrêter à des individus monstrueux ou altérés par un local
qui ne leur est pas le plus naturel, comme cela arrive souvent, ou pour
l'empêcher de cueillir sur les arbres & les arbrisseaux des morceaux
disproportionnés aux autres dans la forme & la grandeur de leurs parties. Voyez
au mot Herborisation, les détails dans lesquels nous entrons sur ce sujet, & qui
prouvent l'inconvénient qui résulte pour la détermination des espèces, du défaut
d'expérience, & des négligences à cet égard.
Enfin, un Herbier en bon état, & nombreux en espèces, dont les échantillons ou
morceaux (specimina) sont bien choisis, bien desséchés, étendus convenablement,
& étiquetés sans erreur avec la citation exacte du lieu d'où ils proviennent,
est un objet indispensable lorsqu'on le livre à l'étude de la Botanique, &
sur-tout lorsqu'on se propose de travailler à perfectionner la connoissance des
Plantes. C'est pourquoi, au mot Herbier, on trouvera l'exposition des différens
moyens que les Botanistes emploient pour conserver des Plantes sèches, & notre
sentiment sur ceux de ces moyens qui nous paroissent mériter d'être préférés,
afin de rendre les Herbiers aussi utiles qu'ils peuvent l'être.
Du plan que l'on doit se tracer dans l'étude de la Botanique.
Nous avons eu plusieurs fois occasion de remarquer que des personnes qui
desiroient acquérir quelques connoissances de Botanique, se sont rebutées dès le
commencement, parce qu'elles ont été mal dirigées, & qu'elles ont cherché
d'abord à apprendre les choses dont on ne doit s'occuper réellement que
lorsqu'on est très-avancé dans l'étude de cette science.
En effet, comme dans l'opinion vulgaire il est en quelque sorte reçu que, pour
être Botaniste, il suffit de savoir beaucoup de noms de Plantes, & de pouvoir
appliquer ces noms aux Plantes mêmes qui les portent, l'on s'efforce
mal-à-propos de commencer par apprendre à nommer des Plantes. Aussi bientôt les
difficultés qu'on rencontre de toutes parts, les méprises inévitables dans
lesquelles on tombe continuellement, & enfin le peu d'intérêt qu'on trouve sous
ce mauvais point de vue, à surmonter tant d'obstacles, produisent nécessairement
un degoût qu'on ne peur vaincre ; & l'on finit communément par se prévenir sans
retour contre une Science dont l'étude est néanmoins pleine d'intérêt &
d'agrément.
La grande erreur où l'on tombe dans ce cas, provient évidemment de ce qu'on s'y
est mal pris ; en un mot, résulte de la fausse route que l'on a suivie, & du
préjugé dont on n'a pas su s'affranchir, lorsqu'on a entrepris d'étudier la
Botanique.
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