pourroit les endommager pendant leurs premiers développemens.
3°. La connoissance des diverses parties des végétaux une fois acquise, il n'est
point encore tems, selon nous, de penser à apprendre le nom d'aucune Plante ;
mais il convient auparavant de se former quelqu' idée de l'ensemble des végétaux
connus, c'est-à-dire de l'espèce de série presque par-tout graduée relativement
au nombre & à la perfection de leurs organes, qu'ils paroissent composer depuis
l'ébauche la plus grossière de la Plante, considérée dans une moisissure ou dans
un byssus, jusqu'au végétal le mieux & le plus complètement pourvu des organes
qui sont propres aux végétaux en général.
Or, pour s'élever à cette contemplation vraiment philosophique, il n'est point
du tout nécessaire de connoître aucune Plante en particulier ; il suffit de se
familiariser, par l'observation, à distinguer d'abord certaines pottions bien
remarquables de la série générale des Plantes, & de bien connoître plusieurs des
familles les plus naturelles, comme les Mousses, les Graminées, les Labiées, les
Ombellifères, les Crucifères, les Légumineuses, les Malvacées, &c. Enfin, pour
parvenir à cette connoissance, on n’a besoin d’aucune méthode ni de systême
quelconque ; on y réussit toujours en fixant son attention sur les traits
communs qui lient ensemble d'une manière frappante, quantité de Plantes
diverses, dans chacune des familles dont il s'agit. Aussi nous ne doutons
nullement que toute personne qui se sera mise au fait des connoissances citées
sous les deux numéros précédens, ne saisisse facilement, après avoir vu un
Panais ou une Carotte, les caractères d'une autre Plante ombellifère qu'on lui
montrera, & ne rapporte ensuite d'elle-même à cette famille une Berce ou une
Angélique qu'elle rencontrera ou verra pour la première fois, quoiqu'elle ne
sache point nommer la Plante.
Combien l'étude de la Botanique devient facile & intéressante, en s'y prenant de
cette manière ! Déjà l'Amateur que nous supposons suivre cette méthode; s'est
formé une idée convenable des végétaux en général, du rang qu'on peut leur
assigner parmi toutes les autres productions de la Nature, des divers organes
dont ils sont munis, & des fonctions les plus apparentes de ces organes. Il
connoît les parties des Plantes qui sont les plus sujettes à varier, & les
distingue de celles qui, plus essentielles, relativement au vœu de la Nature,
offrent dans la diversité de leurs formes les caractères les plus sûrs & les
plus constans. Enfin, quoiqu'il ne sache nommer aucune Plante en particulier, il
sait distinguer quantité de familles naturelles dont les caractères sont bien
prononcés ; il sent le véritable intérêt qu'offre la connoissance des rapports ;
il s'habitue à les
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