les végétaux qui en offrent les objets les plus importans & les plus nombreux,
puisqu'ils fournissent aux besoins les plus essentiels de la vie ; que la
Médecine, dans le traitement des maladies, en obtient ses principales ressources
; & que les Arts les plus utiles à la société sont tellement enrichis de leurs
tributs, qu'ils ne seroient presque rien sans eux ; quel seroit l'inconvénient,
si la confusion qui régnoit autrefois dans la détermination de chaque Plante
utile, avoit continué de subsister ? C'est cependant ce qui auroit lieu sans
cesse sans le secours de la Botanique.
Les belles découvertes des Anciens sur les vertus des Plantes, sont la plupart
absolument perdues pour nous, parce que l'utilité de l'étude de la Botanique
n'ayant pas encore été sentie, mais seulement celle de la recherche des remèdes
que l’on avoit besoin de trouver, on ne s'attachoit point à connoître
l'organisation des plantes, ni les caractères essentiels qui les distinguent les
unes des autres. Aussi, comme nous l’avons dit dans le Discours préliminaire de
cet Ouvrage, la Botanique n'étoit rien alors, & de-là résulte que nous sommes
privés de quantité de connoissances importantes que l'antiquité pouvoit nous
transmettre, si la Botanique, dans ces tems reculés, eût eu plus d'existence.
Maintenant, si la grande utilité de la Botanique est suffisamment reconnue, on
ne sauroit trop faire remarquer tous les agrémens que procure l'étude de cette
Science intéressante. Cette charmante étude nous habitue au doux plaisir
d'observer la Nature, nous dévoile mille merveilles qui n'existent pas pour ceux
qui la négligent, & nous occasionne des jouissances sans nombre, en nous offrant
de toutes parts une infinité d'objets qui excitent notre admiration,
agrandissent nos idées, & nous rendent sensibles aux plaisirs purs de les
appercevoir.
En effet, à ne considérer la Botanique que comme objet d'agrément, combien de
motifs puissans se réunissent pour nous engager à étudier une Science capable de
nous procurer une satisfaction si pure & si digne d'une ame honnête. La Nature
a-t-elle un point de vue plus riant & plus gracieux que cette multitude de
végétaux qui lui forment, comme à l'envi, une parure infiniment variée &
toujours renaissante ? L'homme même le moins instruit, ne peut jeter un regard
attentif sur une belle prairie, sur un bois fertile en Plantes, sans ressentir
je ne sais quelle joie subite qu'on chercheroit inutilement ailleurs. Que
sera-ce de celui qui porte sur ces objets, déjà si agréables en eux-mêmes, un
œil éclairé par la science ? Que de jouissances se présentent à lui de toutes
parts, qui sont perdues pour l’homme vulgaire. Ici, c'est une plante qu'il
observe pour la première fois, & qui devient une espèce de conquête d'autant
plus flatteuse, que déjà il entrevoit la place qu'il doit lui assigner dans
l'ordre des végétaux.
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