Là, c'est une espèce qu'il n'a point vue depuis long-tems, & avec laquelle il
semble renouveler connoissance. Chaque saison, chaque climat, chaque terrein
même étale à ses yeux une scène nouvelle. Les lieux les plus incultes, les plus
sauvages, ont des charmes pour lui, & c'est-là souvent que la Nature l'attendoit
avec ses dons les plus précieux. Au milieu de la solitude la plus abandonnée,
les plantes lui forment comme une compagnie toujours intéressante, & lui
ménagent des plaisirs purs & sans satiété ; utiles à la santé, qu'ils
entretiennent & fortifient ; utiles à l'esprit, qu'ils cultivent &
perfectionnent ; & jamais dangereux pour le cœur, auquel ils laissent toute sa
vertu.
Des parties de la Botanique, & de ses limites relativement aux autres Sciences
qui ont le plus de rapport avec elle.
On a malheureusement trop long-tems pris le change sur les véritables objets de
la Botanique, que l’on regardoit anciennement comme une partie de la Médecine ;
aussi nous avons fait voir dans le Discours préliminaire, que si alors on a
réussi à découvrir beaucoup de remèdes, l’on a fort mal connu les Plantes dont
on les obtenoit. A présent, quoique les objets immédiats de la Botanique soient
mieux apperçus, la plupart des Auteurs confondent encore parmi ces objets ceux
de plusieurs autres parties de nos connoissances qui en sont tout-à-fait
séparées par leur nature, & dont il n'est même pas possible que les Botanistes
s'occupent directement. C'est pourquoi nous croyons nécessaire de faire
remarquer ici les véritables limites de cette science intéressante, & de faire
l’énumération des principaux objets qui la concernent immédiatement.
Ainsi la Botanique, dans toute l’étendue qu'il convient de lui assigner, ne
comprend évidemment que les six parties suivantes ; mais il est facile de sentir
que chacune d'elles extrêmement vaste par son objet, peut seule fournir au
Savant qui entreprendra de la perfectionner, des matières de recherche assez
considérables pour l’occuper entiérement pendant une grande partie de sa vie.
Cette Science importante comprend donc,
Premiérement, la connoissance intime de l'organisation des végétaux, de la
nature & la forme de leurs parties, de leurs développemens & leurs manières de
se reproduire, des qualités & du mouvement des sucs qu'ils contiennent, &c. &c.
C'est de ces diverses considérations que naît la physique des végétaux, qu'on
doit regarder comme la principale partie de la Botanique.
Secondement, la connoissance des rapports naturels des Plantes, c'est-à-dire
celle des traits communs qui constituent, indépendamment de toute opinion
systématique, l’affinité ou plutôt l'espèce de parenté de certains végétaux
entr'eux ; de même que celle des différences essentielles [qui]
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