valve, articulée en charnière, on sent néanmoins qu'ils les suivent et en
proviennent réellement.
En effet, les animaux inarticulés des conchifères sont généralement dépourvus de
tête et d'yeux ; mais dès que des animaux de cette sorte furent parvenus à
s'allonger, à sortir de dessous les lobes de leur manteau, en un mot, à dégager
la partie antérieure de leur corps, une tête distincte, mobile et saillante a pu
se développer à cette extrémité antérieure, s'y montrer effectivement, et dès
lors la nouvelle forme d'animaux qui appartient aux mollusques a commencé
d'exister. Or, la tête, qui fait partie de cette forme, d'abord un peu et
ensuite complétement démasquée, a pu alors développer des organes particuliers,
utiles à l'animal, tels que deux yeux distincts, deux ou quatre tentacules, des
parties dures à la bouche, pour couper, broyer ou perforer des corps concrets ;
organes que ne peuvent posséder les animaux conchifères. C'est effectivement ce
qui est arrivé.
Ainsi, tant que les céphalopodes feront partie de la classe des mollusques,
malgré la singularité de leur forme (parce que, réduits à ne connoître parmi eux
que ceux de la famille des sépiaires, nous n'avons pas assez de connoissance de
ces animaux, pour en former une classe à part, et les caractériser
généralement), celle des mollusques sera nécessairement la dernière des animaux
sans vertèbres, et sera aussi la dernière de la série des animaux inarticulés.
L'organisation, dans les animaux de cette classe, a effectivement obtenu, dans
sa composition, le plus haut degré où elle pouvoit atteindre dans des animaux
sans vertèbres.
Cependant, chose étonnante, les mollusques, supérieurs en composition
d'organisation à tous les autres animaux sans vertèbres, sont réellement fort
inférieurs à beaucoup de ces derniers en facultés, et surtout dans celle des
mouvemens, faculté qui est si avantageuse à l'animal.
En effet, quelle énorme différence ne trouve-t-on pas dans la facilité et la
vivacité des mouvemens de la plupart des insectes, des arachnides, etc.,
comparées à la nature des mouvemens de tout mollusque quelconque ! quelle
supériorité ne trouve-t-on pas encore dans ces produits d'habitudes compliquées,
qui ressemblent tant à des actes d'industrie, lorsque l'on compare les
manoeuvres diverses d'un grand nombre des animaux articulés que nous venons de
citer, aux actions de presque tous les mollusques ! Ce furent probablement ces
considérations qui portèrent Linnæus, dans sa classification des animaux, à
reléguer, les mollusques dans sa classe des
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