Pour arriver au but que je me propose, il est nécessaire de résoudre la question
que je vais présenter : sa solution est de la plus grande importance.
Est-il bien vrai que la matière du feu agisse toujours dans les opérations
chimiques où on l’emploie, qu’elle agisse, dis-je, en instrument simplement
mécanique, ne s’unissant jamais aux matières qu’elle divise et sépare ? Ou bien,
agit-elle à-la-fois, et comme instrument mécanique, en divisant et séparant les
parties des corps, et comme instrument chimique, en s’unissant elle-même aux
matières qu’elle dénature, et dont elle devient un des principes constituans de
leur nouvel état ?
L’observation des faits les plus connus et les mieux constatés, prouve que le
second cas de la question est le seul conforme à la vérité, et que le premier ne
l’est nullement. J’espère en convaincre bientôt ceux qui donneront quelque
attention à ce Mémoire.
Si le feu calorique était un instrument simplement mécanique, avec lequel il
soit possible de diviser les corps, de détruire totalement l’état de combinaison
de leurs principes, et de les en séparer chacun isolément, de manière à pouvoir
les recueillir à part pour
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