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capable de donner l'existence à tant d'êtres différens, dont la plupart sont 
pour nous si étonnans, si admirables !
 

Qui osera penser qu'une puissance aveugle, sans intention, sans but, qui ne peut 
faire partout que ce qu'elle fait, et qui est bornée à n'exercer son pouvoir que 
sur les parties d'un domaine tout-à-fait circonscrit, puisse être celle qui a 
fait tant de choses ! Montrer l'évidence de cette vérité de fait, est cependant 
l'objet que nous avons ici en vue. Pour y parvenir, nous croyons qu'il suffit de 
présenter les considérations qui vont suivre ; et, sans doute, nous serons 
entendu, si elles sont examinées et suffisamment approfondies. Posons d'abord la 
question suivante ; car c'est pour l'homme la plus importante de toutes celles 
qu'il puisse agiter ; et voyons si nous avons quelque moyen solide pour en 
obtenir la solution.
 

La puissance intelligente et sans bornes, à laquelle tout ce qui est doit 
réellement son existence, qui a, conséquemment, fait exister tous les êtres 
physiques, les seuls que nous puissions connoître positivement, a-t-elle créé 
ces derniers immédiatement ou sans intermédiaire, ou n'a-t-elle pas établi un 
ordre de choses, constituant une puissance particulière et dépendante, mais 
capable de donner lieu successivement à la production de tous les corps 
physiques, de quelque ordre qu'ils soient ?
 

Si la puissance suprême dont il s'agit a livré le monde physique à l'observation 
et aux discussions de l'homme, celui-ci peut et doit examiner cette grande 
question, et nous allons montrer que le résultat de cet examen peut être pour 
lui de la plus grande importance.
 

Certes, le sublime auteur de toutes choses a pu faire comme il lui a plu ; sa 
puissance est sans limites, on ne sauroit en douter. Il a donc pu, relativement 
aux corps physiques, employer le premier mode d'exécution cité, comme il a pu se 
servir du second, si telle fut sa volonté. Il ne nous convient pas de décider ce 
qu'il a dû faire, ni de prononcer positivement sur ce qu'il a fait. Nous devons 
seulement étudier, parmi celles de ses œuvres qu'il nous a permis d'observer, 
les faits qui peuvent nous apprendre ce qu'à leur égard il a voulu qu'il fût.
 

Sans doute, la pensée qui dut nous plaire davantage, lorsque nous considérâmes 
quelle avoit pu être l'origine de tous les êtres physiques, de tous les corps 
soumis à notre observation, fut celle d'attribuer la première existence de ces 
êtres à une puissance infinie, qui les auroit créés immédiatement, et les auroit 
faits, tous à la fois ou en divers temps, ce qu'ils sont chacun dans leur 
espèce. Cette pensée nous fut commode, en ce qu'elle nous dispensa de toute 
étude, de toute recherche à l'égard de ce grand sujet ; aussi 

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