Société de Pharmacie et de l'Académie de Médecine. Il épousa la veuve d'Olivier,
ami et collègue de Lamarck, et mourut à Paris en 1844. Mes recherches d'archives
relatives à sa vie et à sa carrière sont restés jusqu'à présent vaines. Des
démarches effectuées auprès du Muséum, des Archives Nationales, de l'Académie de
Médecine et du Val-de-Grâce n'ont donné que des résultats très limités. Par
contre, les Archives du Ministère de la Défense détiennent un fichier du plus
grand intérêt sur Virey ; il contient en effet le détail des événements qui
l'ont amené à abandonner le service actif. Virey fut accusé de passer son temps
cloîtré dans les études, se consacrant exclusivement à ses propres livres et
articles, à un moment où l'armée avait besoin d'un pharmacien en chef actif
(3).
Tout au long de sa carrière, Virey écrivit des centaines d'articles, plusieurs
livres, il collabora au Magasin Encyclopédique, à la Gazette Médicale, au
Journal de Pharmacie et au Bulletin des Sciences Naturelles et de Géologie. Il
publia deux éditions du Nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle et signa
plusieurs articles du Dictionnaire des Sciences Médicales. Il n'existe pas de
bibliographie exhaustive sur Virey. Il faut dire qu'une fois établie, elle
comptera probablement plus de cinq cents entrées.
Un grand nombre de ses ouvrages furent diffusés et connus dans toute l'Europe.
Ses idées sur le vitalisme, ses thèses anthropologiques et ses propositions
relatives à la taxinomie furent l'objet de débats en Italie, en Allemagne et en
Angleterre. A une date aussi tardive que 1832, Léonard Jenyns, le parent de
Darwin, auteur d'un rapport sur le progrès des études en zoologie pour la
British Association for the Advancement of Science, fait encore de fréquentes et
favorables références aux travaux de Virey. Dans son Bridgewater Treatise, le
célèbre entomologiste anglais William Kirby présente Virey comme un défenseur de
la théologie naturelle contre le panthéisme de Lamarck et de Laplace. Les
bibliothèques les plus importantes d'Europe possèdent toutes des exemplaires du
Nouveau Dictionnaire. On peut d'ailleurs se demander si ce n'est pas chez Virey
qui le conchyliologiste italien Jean-Baptiste Brocchi a trouvé la théorie de la
sénescence des espèces, le naturaliste français en ayant en effet débattu dans
plusieurs articles de son Dictionnaire en 1803 et 1804. Comme on le sait, la
théorie, de la sénescence des espèces occupe une place de premier ordre dans les
Principes de Géologie de Charles Lyell et dans les premiers carnets de Darwin
(4).
(3) Le Professeur Mirko Grmek et Claude Benichou m'ont informé de ce qu'on est
en train de poursuivre une recherche attentive des manuscrits de Virey.
(4) L'idée d'une vieillesse des espèces, et celle d'une mort des espèces qui
ferait suite à un processus de vieillissement analogue à celui propre aux
individus est bien ancienne. LACEPEDE en parla dans son Discours d'ouverture et
de clôture du cours d'histoire naturelle, an VIII (1800), Paris, Plassan ; on
peut suggérer ce texte comme source pour Virey. Il est évident que Brocchi aussi
peut avoir emprunté cette idée de Lacepède : je veux simplement souligner
l'importance du problème de la circulation des idées dans les milieux
scientifiques européens, des premières années du dix-neuvième siècle. Cette
circulation a été aidée d'une façon déterminante par le Nouveau dictionnaire
d'histoire naturelle et par les éditions et les rééditions des œuvres de Buffon.
Sur Brocchi, Lyell et Darwin voir David KOHN, Theories to work by : Rejected
theories, reproduction and Darwin's path to natural selection, Studies in the
History of Biology, vol. 37, 1980, 67-170.
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