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Documents sur les auditeurs de LamarckP.Corsi, Julien-Joseph Virey, the first critic of Lamarck (in french)
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ouvrait la perspective d'une histoire parallèle de la vie, expliquée en termes 
parfaitement naturalistes (16).
 

Virey était un jeune homme enthousiaste : il avait beaucoup d'idées, peut-être 
pas toujours très claires, mais il avait aussi de solides principes. Il n'était 
pas décidé à rejeter les nouvelles théories, établies par ses éminents aînés, 
mais il n'était pas non plus prêt à les accepter telles qu'elles étaient 
présentées. Seul un compromis était viable, avec des limites toutefois fort 
restreintes. Beaucoup d'éléments de ces nouvelles théories étaient adaptables et 
intégrables à ses premières idées. D'autres lui étaient intolérables, en 
particulier la certitude de Lamarck que les espèces n'avaient nul besoin d'un 
principe vital, ou d'un pouvoir décisionnel surnaturel pour évoluer.
 

Virey rédigea lui-même tous les articles clefs du Nouveau Dictionnaire : le « 
discours préliminaire », les articles « animal », « nature », « création », « 
instinct », « intelligence », « monstre », « dégénération » -étudié par notre 
collègue et ami Claude Bénichou- et beaucoup d'autres.
 

Les efforts qu'il déploya pour parvenir à un compromis sont évidents, même s'ils 
pêchent parfois par manque de perspicacité et de clarté. Il serait impossible de 
faire un résumé critique du mélange complexe des théories auxquelles Virey eut 
recours pour formuler sa propre doctrine. Il suffit de dire que sa tentative de 
synthèse puisa des éléments chez tous les historiens de la Terre, importants ou 
secondaires -de Buffon à Delamétherie et Bertrand. En outre, comme nous le 
verrons un peu plus loin, les Recherches sur l'organisation des corps vivants 
publiées en 1802 par Lamarck furent son principal ouvrage de référence.
 

La réponse au problème posé par la génération spontanée ne lui pose pas de 
difficulté majeure :
 

« Il faut que la terre ait formé les germes, ou qu'ils aient été apportés 
d'ailleurs sur le globe. Nous ne parlons point ici de la création de ces germes 
par la main de l'Etre Suprême, car elle ne peut pas être contestée dans tous les 
cas. En effet, soit que la terre, l'air, l'eau ou les cieux... aient produit ces 
germes, leur organisation si sublime et si parfaite ne peut être que le résultat 
d'une puissance tout à fait intelligente et divine. L'eau exposée à une douce 
température fourmille bientôt d'une multitude d'animalcules visibles au 
microscope ;... ces germes infinis et invisibles qui sont répandus par toute la 
terre, ne sont que des particules de matière empruntées d'une force vivifiante, 
laquelle émane de la vie propre au globe terrestre... Elles ont, pour ainsi 
dire, une existence particulière ; elles renferment dans un petit espace plus de 
cet esprit de vie ; de là vient que ces germes sont susceptibles d'organisation 
et capables de perpétuer leur durée par la reproduction, au moyen de la chaleur, 
de l'humidité et d'autres circonstances favorables... Ces facultés que Dieu a 
données à cette matière se sont exaltées et modifiées ensuite selon les 
circonstances » (17). 

(16) P. CORSI, Oltre il mito, cité à la note 2.

(17) J.J. VIREY, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, Nature, vol. xv, 
1804, pp. 358-414, citations pp. 378-379. 

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