Conclusion

Cette première approche à l’étude des auditeurs espagnols aux cours de Lamarck 
et Latreille, constitue un point de départ pour l’analyse du contexte 
scientifique et épistémologique de l’histoire naturelle en Espagne au passage 
entre le XVIIIè et le XIXè siècles. A cette époque charnière, le problème de 
l’origine de la diversité des êtres organisés prend les devants pour faire face 
au nombre croissant d’espèces décrites dans les travaux botaniques et 
zoologiques. L’affrontement entre fixistes et transformistes va centrer les 
débats scientifiques de la première moitié du XIXè et dans ce contexte-là, 
l’examen de la répercussion des doctrines de Lamarck, père du transformisme, 
constitue un point clé de la réflexion.
 

Les résultats ici compilés, bien qu’inédits, restent loin d’être exhaustifs. 
Seulement quatre sur douze auditeurs ont été identifiés et, dans tous les cas, 
toujours en relation avec une seule institution : le Cabinet Royal d’Histoire 
Naturelle à Madrid. D’autre part, cet apport se veut strictement descriptif et 
une approche critique de l’œuvre scientifique des auditeurs qui ont laissé des 
traces bibliographiques demeure hors de sa portée.
 

En ce qui concerne les quatre personnages évoqués, deux parmi eux, Arnao et 
Roux, semblent être des amateurs d’histoire naturelle ayant d’autres occupations 
à l’Ambassade espagnole à Paris. Au moins, nulle référence à une activité 
scientifique à caractère éditorial n’a été dépistée parmi les documents 
analysés.
 

Les cas de Garriga et de Gimbernat sont d’une toute autre nature. Tous les deux 
ont une production scientifique remarquable et font l’objet de la considération 
accordée aux savants de l’époque. La large panoplie de disciplines abordées dans 
leurs ouvrages témoigne d’une ample formation généraliste plutôt propre aux 
naturalistes du XVIIIè. L’exemple de Garriga est le plus flagrant : outre le 
mémoire sur le Megatherium, il signe une œuvre en astronomie et un manuel de 
chimie appliqué aux arts. Gimbernat fait déjà preuve d’une spécialisation et, 
mis à part sont intérêt affiché pour l’histoire naturelle en général, la grande 
majorité de sa production est consacrée à la géologie.