Lamarck en Italie
Vers la fin du siècle dernier, quelques représentants de l'évolutionnisme
italien manifestèrent leur souci de reconnaître leurs “ précurseurs ” parmi les
naturalistes actifs des premières décennies du siècle, c'est-à-dire parmi les
contemporains de Lamarck, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire et Bory de
Saint-Vincent. Leurs analyses des événements scientifiques italiens du début du
XIXe siècle présentaient souvent le défaut d'être fragmentaires et ne brillaient
que rarement par l'acuité critique et le souci de la précision philologique.
Michele Lessona (1823-1894), traducteur de plusieurs œuvres de Charles Darwin et
l'un des vulgarisateurs les plus prolifiques de la seconde moitié du XIXe
siècle, soutenait, dans un ouvrage consacré à la figure du naturaliste anglais,
qu'en
“ Italie, Lamarck eut beaucoup plus d'audience qu'en France. Mais il s'agit de
cas encore isolés ; Bonelli et Foderà ne laissèrent aucune publication
témoignant de leur intérêt vis-à-vis des idées de Lamarck ” (1).
Lorenzo Camerano (1856-1917), jeune ami et protégé de Lessona, un des défenseurs
les plus convaincus des doctrines darwiniennes et l'un des premiers historiens
des sciences naturelles italiennes du XIXe siècle, consacra une série d'écrits à
l'étude des “ lamarckiens ” italiens. Il s'agissait, pour la plupart, d'essais
occasionnels, où la lecture des textes avait pour seul but de repérer des
références et des allusions - souvent très vagues et obscures - à des théories
évolutionnistes au sens général du terme. Camerano, comme d'ailleurs certains de
ses contemporains biologistes-historiens tels Lessona, Daniele Rosa ou Carlo
Fenizia, ne se posa jamais le problème d'établir quelles étaient les
articulations réelles de la pensée de Lamarck, dont il ne semble d'ailleurs
connaître que quelques œuvres, et souvent des œuvres de seconde main.
(1) M. Lessona, Carlo Darwin Roma, 1883, p. 147.
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