d'elles, un ordre quelconque dans le placement des objets, afin de pouvoir
indiquer ou retrouver plus facilement chacun des objets qui composent la série ;
et c'est cet ordre qui constitue la distribution dont il s'agit ici.
Que l'on ne confonde point la distribution des corps naturels avec la
classification de ces corps ; car ce sont des choses très-différentes : en
effet, l'ordre dans le placement des objets qui composent une série, constitue,
comme je l'ai dit, la nature d'une distribution ; tandis que des lignes de
séparation, tracées de distance en distance dans l'étendue d'une série, parmi
les objets dont elle est formée, caractérisent ce qu'on nomme la classification
de ces objets. La première, d'autant plus propre à favoriser nos études et nos
connoissances de la nature, que nous saisissons mieux, en l'établissant, les
rapports prochains ou éloignés qui existent entre ses productions diverses, doit
être toujours exécutée avant la seconde. Elle a un but essentiel à l'avancement
des vrais progrès des sciences naturelles ; tandis que la seconde n'est guère
qu'un art utile, dont nous ne saurions même nous passer, offrant des points de
repos à notre imagination ; en un mot, des cadres divers qui nous aident à
reconnoître et à fixer dans la mémoire les objets dont la connoissance nous
intéresse. V. le chap. des Parties de l'art dans les productions de la Nature,
Philosophie zoologique, vol. I, p. 17.
Ayant ainsi montré ce que c'est qu'une distribution des corps naturels, il me
reste à faire voir qu'il n'est point du tout indifférent, pour la science,
d'employer telle ou telle des distributions de ces corps que l'arbitraire des
auteurs offre de temps à autre à notre attention ; car, tant que l'on ne se
pénétrera pas de la nécessité d'écarter tout arbitraire, chaque auteur se plaira
à donner sa distribution, sans la comparer avec ce qui a déjà été fait à cet
égard, et sans établir préalablement les principes qui doivent régler toute
distribution quelconque. Chacun de ces auteurs, se considérant comme autorité,
dédaignera de se soumettre à des principes, profitera de ce qu'il ne s'en trouve
pas encore qui soient admis, rejettera même sans discussion ceux qu'on a déjà
présentés ; et, dans le siècle où les progrès des lumières ont fondé solidement
presque toutes les autres sciences, l'Histoire naturelle seule restera sans
principes, sans base, sans but déterminé, enfin, sans stabilité dans sa marche,
et ne pourra être véritablement comptée au nombre des sciences.
Certes, dans toute partie quelconque des études de l'homme, la science ne
commence à exister que lorsque des principes régulateurs des actes que l'on
exécute pour l'avancer, sont déterminés et reconnus ; que lorsque la philosophie
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