l'intégrité de celui dont il s'agit ici, est toujours dépendante de celle des
organes qui y donnent lieu.
Non-seulement cet admirable phénomène s'observe généralement dans l'homme, en
qui le nombre et la diversité des idées qu'ont pu acquérir les individus de son
espèce, s'offrent en une échelle de degrés d'une étendue immense, la limite
supérieure de cette échelle ne pouvant être assignée ; mais on l'observe aussi
dans certains animaux, quoique dans des limites fort resserrées, et l'on en
obtient des preuves par les actions qu'on leur voit exécuter, ainsi que par les
songes qu'on leur voit faire.
L'éminent phénomène organique qui constitue l'idée, est, dans sa source, le
produit immédiat d'une sensation sur laquelle l'attention s'est fixée, et
résulte nécessairement d'une impression subsistante, faite dans l'organe qui est
propre à la recevoir. Cette impression n'est autre chose que le tracé d'une
image, de celle de l'objet qui a donné lieu à la formation de l'impression dont
il s'agit. Or, chaque fois que le fluide nerveux, mis en mouvement, traverse
toutes les parties de cette image, il y excite une sensation obscure ou un
ébranlement particulier, qui se transmet aussitôt à l'esprit, au foyer où
s'exécutent les pensées, les actes intellectuels.
Ainsi, l'idée n'est autre chose que l'image obscure d'un objet, rapportée ou
rendue présente à l'esprit de l'individu, chaque fois que le fluide nerveux, mis
en mouvement, traverse les traits de cette image ; traits qui sont imprimés dans
l'organe particulier, propre à l'exécution des actes d'intelligence.
Si l'on rassemble tout ce que l'observation et l'induction ont pu nous apprendre
à l'égard de l'idée, on sentira que la définition que je viens d'en donner, est
la seule qui soit propre à faire concevoir la nature de ce phénomène organique ;
car elle s'accorde partout avec les faits observés. Si l'impression des objets
qui ont fixé notre attention, n'étoit pas conservée dans l'organe, la mémoire
n'auroit point lieu, les songes ne retraceroient pas à l'esprit différentes
idées acquises, nous ne retrouverions pas ces mêmes idées en désordre, dans les
délires que certaines maladies nous causent.
L'idée n'est assurément point un objet métaphysique, comme beaucoup de personnes
se plaisent à le croire ; c'est, au contraire, un phénomène organique et
conséquemment tout-à-fait physique, résultant de relations entre diverses
matières, et de mouvemens qui s'exécutent dans ces relations. S'il en étoit
autrement, si l'idée étoit un objet métaphysique, aucun animal n'en posséderoit
une seule, nous-mêmes n'en
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