aurions nulle connoissance, et nous ne l'observerions ni en nous, ni dans
d'autres ; car c'est une vérité incontestable, que nous ne pouvons observer que
des corps, que les propriétés des corps, que les phénomènes de mouvement, de
changement, etc., que produisent ces corps dans leurs relations. V. l'article
FACULTÉ.
Si l'on en excepte les jugemens de l'homme, ses raisonnemens, ses conséquences,
en un mot, ses principes dans les sciences et en morale, qu'il a considérés
comme des objets métaphysiques, tandis que ce ne sont, au contraire, que des
résultats de ses actes d'intelligence ; ce mot métaphysique, créé par son
imagination, et par abstraction de ce qui est physique, n'exprime pour lui rien
de positif. L'homme ne peut avoir, effectivement, aucune notion directe et
certaine d'objet qu'il puisse y rapporter. Ce que la suprématie de cet être
intelligent a pu faire à son égard, et qui le distingue de tous les autres,
c'est d'avoir élevé sa pensée jusqu'à son sublime Auteur. Hors de là, il se
trouve exclusivement réduit à l'observation de la nature, de tous les faits
qu'elle lui présente, et de ce qu'il est lui-même, sans parvenir néanmoins à se
connoître, ayant en lui des penchans qui s'y opposeront toujours.
Ainsi, quoiqu'il y ait des illusions qui puissent plaire davantage, je vais
continuer d'exposer ce que l'observation m'a appris à l'égard du sujet dont je
traite.
Si les idées sont des phénomènes d'organisation, elles doivent être dépendantes
de l'état de l'organe où elles se forment ; et, en outre, des conditions doivent
être nécessaires à leur formation. On verra que c'est précisément ce que
l'observation confirme ; et, probablement, cette harmonie entre les faits
observés et les lois physiques qui seules peuvent y donner lieu, fera sentir
combien est fondée l'allégation qui présente les idées comme des phénomènes
purement organiques. Mais, auparavant, il convient de rappeler ici deux
principes que j'ai posés dans ma Philosophie zoologique (vol. 2, pag. 439),
parce qu'ils constituent les bases de tout sentiment admissible à cet égard.
Premier principe. Tous les actes intellectuels quelconques prennent naissance
dans les idées, soit dans celles que l'on acquiert dans l'instant même, soit
dans celles déjà acquises ; car, dans ces actes, il s'agit toujours d'idées, ou
de rapports entre des idées, ou d'opérations qui s'exécutent avec des idées.
Deuxième principe. Toute idée quelconque est originaire d'une sensation,
c'est-à-dire, en provient directement ou indirectement.
De ces deux principes, le premier se trouve pleinement confirmé par l'examen de
ce que sont réellement les différens
|