En effet, ce phénomène consiste en certains mouvemens subits, plus ou moins
remarquables, et qui s'exécutent localement dans les parties molles ou certaines
de ces parties des animaux, chaque fois qu'une cause excitante les provoque. Ces
mouvemens n'exigent aucun organe particulier pour leur production, se
manifestent effectivement dans des animaux tellement imparfaits qu'ils ne
possèdent aucun de ces organes, et néanmoins se montrent aussi dans tous les
autres animaux, de quelque rang qu'ils soient ; mais à mesure que l'organisation
se complique d'organes divers, ils se particularisent, c'est-à-dire, deviennent
plus remarquables et plus puissans dans certaines parties que dans d'autres.
Tels sont ceux qui constituent l'irritabilité musculaire.
Le phénomène de l'irritabilité est tout-à-fait indépendant de celui que
constitue la sensibilité, puisque sa source est différente, qu'il n'est point le
produit d'aucune fonction organique exécutée, et qu'il n'exige pas, en effet,
d'organe particulier pour sa production. Haller a signalé ce phénomène ; mais
n'ayant pas lui-même une idée claire du mécanisme organique du phénomène de la
sensibilité, il n'a pu établir tellement les différences qui distinguent ces
deux phénomènes, qu'il ne restât certains faits inexpliqués qui offrirent des
ressources aux contradicteurs. On en a effectivement profité ; et parmi les
objections qui furent opposées au sentiment de Haller, je ne citerai que les
deux suivantes.
Malgré la découverte importante de cette différence remarquable entre la
sensibilité et l'irritabilité, savoir : que la sensibilité se trouve anéantie au
même instant que la vie, tandis que l'irritabilité subsiste encore quelque temps
après la mort, on crut pouvoir nier, quoique sans preuves tirées de faits
positifs, que la sensibilité fût réellement détruite, lors même qu'elle ne se
montre plus. On prétendit, au contraire, que dans les asphyxies, les léthargies,
les syncopes, elle subsistoit toujours ; prouvant, en cela, que les jugemens que
nous portons sur des objets que nous connoissons mal, sont toujours faux et ne
peuvent être autrement. V. l'article JUGEMENT.
Le sentiment ou la sensibilité n'a lieu qu'à l'instant où le système d'organes
qui produit ce phénomène exécute sa fonction. Hors de là, point de sentiment
quelconque pour l'individu. Et si ce sentiment intime d'existence nous est
perceptible dans presque tous les instans de la vie, c'est que les mouvemens
organiques intérieurs, tels surtout que ceux de la circulation, donnent lieu
perpétuellement à la fonction dont il s'agit, mais dans le foible degré
d'intensité que nous connoissons. Or, dans les asphyxies, les syncopes, etc.,
|