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cette même fonction est tout-à-fait supendue. II suffit qu'un vide de fluide 
nerveux soit opéré au foyer des sensations, pour qu'aussitôt la communication de 
toutes les parties du système entier soit interrompue, et pour que toute 
fonction de sa part soit dès lors impossible. La cause du désordre dont il 
s'agit venant à cesser, le vide cité, à l'égard du foyer des sensations, cesse 
de même bientôt ; l'individu jouit alors du sentiment de son existence, et le 
phénomène de la sensibilité peut se manifester sans obstacle. Enfin, à l'instant 
même de la mort, c'est-à-dire, de la cessation de toute fonction organique, 
celle qui donne lieu au sentiment ne le produit plus, et néanmoins 
l'irritabilité se manifeste encore. C'est même parce que l'irritabilité subsiste 
encore après la cessation de toute fonction organique, que l'anéantissement du 
phénomène qu'elle constitue, rend seul la mort irrévocable, à moins que 
l'organisation ne soit lésée elle-même. On sait qu'une personne asphyxiée peut, 
dans l'intervalle d'une à deux heures, être rendue à la vie.
 

Quant à la seconde des objections que j'ai promis de citer, et à laquelle il est 
facile de répondre, d'après des faits connus, elle consiste à dire que, par la 
ligature ou l'amputation des nerfs qui portent la sensibilité dans un organe, 
cette ligature ou cette amputation le rend à la fois sensible et paralytique, 
c'est-à-dire, enlève à cet organe la faculté de sentir, et à ses muscles celle 
de se mouvoir; et l'on induit de là que l'irritabilité est dépendante de la 
sensibilité physique.
 

Le raisonnement pèche ici par une inexactitude à laquelle l'apparence seule a 
donné lieu ; car, à la section des nerfs qui pouvoient exciter le mouvement des 
muscles auxquels ils correspondent, ces muscles, en effet, ne se meuvent plus, 
parce que la cause propre à exciter leurs mouvemens n'agit plus. Mais il n'est 
pas vrai que ces mêmes muscles aient perdu leur faculté de se mouvoir, en un 
mot, leur irritabilité. J'ai été témoin du contraire ; et dans des parties d'un 
individu, séparées de son corps, j'ai vu les chairs palpiter à des provocations 
étrangères, et des muscles se contracter.
 

Je ne poursuivrai pas cette discussion ; le temps, sans doute, n'est pas éloigné 
où les études qui concernent la physiologie prendront une autre marche, et où 
l'on sentira qu'au lieu de se borner à la considération des organisations les 
plus compliquées, les plus difficiles à connoître, les moins propres à nous 
éclairer sur les causes réelles des faits organiques que nous observons, il 
faudra étudier toutes les organisations existantes : je reviens à mon sujet.
 

Ainsi, le phénomène de l'irritabilité est particulier à tous les animaux, tandis 
que celui du sentiment n'est particulier qu'à 

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