d'apparence. C'est ainsi que l'on refuse l'irritabilité aux parois internes des
artères et que l'on attribue leur réaction sur le sang à la simple élasticité de
ces parties. Dans le corps animal, toutes les parties molles sont probablement
irritables, mais dans différens degrés. Si la fibre musculaire l'est éminemment,
on ne peut pas refuser entièrement l'irritabilité, même au tissu cellulaire.
Ainsi, le phénomène de l'irritabilité, éminemment distinctif du corps animal ;
qui est, en effet, général pour tous les animaux de quelque classe qu'ils soient
; qui ne se manifeste qu'en eux, et ne s'exécute que localement dans toutes ou
dans certaines de leurs parties ; qui n'est point le résultat des fonctions
d'aucun organe particulier, et même qui se montre encore quelque temps après la
cessation de toute fonction organique ; ce phénomène, dis-je, a été, depuis sa
découverte, contesté, méconnu, confondu avec la sensibilité physique. Comme bien
d'autres vérités aperçues, celle-ci sera peut-être long-temps encore repoussée ;
tant les connoissances, les manières de voir et de juger, enfin, les suites des
intérêts particuliers sont différentes parmi les individus. Toutes les sciences
en sont là, parce que leurs principes reposent sur nos raisonnemens. Plus, à
l'égard de chacune d'elles, il y aura de personnes qui s'en occuperont à la
fois, plus les entraves propres à arrêter leurs progrès pourront se multiplier.
On verra même quelquefois certaines de ces sciences en quelque sorte rétrograder
par les fausses routes accréditées, qu'on fera prendre à leur étude. La
connoissance des faits pourra seule continuer de s'accroître ; mais elle sera
elle-même exposée à devenir un obstacle à l'avancement de chaque science,
jusqu'à ce qu'enfin l'on sente la nécessité d'étudier réellement la nature.
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