prise, garda le silence, et continua ses études, ainsi que la publication de
l'Annuaire.
Si, à Paris, où en général on pense si peu, et où les habitans, la plupart dupes
de tromperies réciproques, ne s'occupent que de plaisirs, que de jouissances, et
ne donnent leur plus grande attention qu'à l'avancement de leur fortune; si,
dis-je, les intrigues de tout genre y établissent si adroitement et si
fructueusement leur siège, il n'en est pas tout à fait de même dans les
départemens de la France. Là, les hommes, moins cumulés, moins distraits, et
même moins éloignés encore de la nature, jugent presque toujours plus sainement
des choses qui ne tiennent point aux préjugés invétérés des temps anciens.
Effectivement, l'entreprise d'une étude dé la météorologie, c'est-à-dire, de la
recherche des causes qui donnent lieu à la production de ces météores si
dangereux, si désastreux, particulièrement à la campagne, y reçut un accueil
bien différent de celui qu'on lui fit à Paris. Aussi, de presque tous les points
des départemens, l'auteur reçut une multitude de lettres qu'il conserve,
lesquelles approuvoient et encourageoient son entreprise, et dont un grand
nombre lui faisoient part de plusieurs avantages déjà retirés de l'attention
donnée à certaines des probabilités de l'Annuaire. L'empressement à se procurer
cet ouvrage devint tel, en effet, que, vers les derniers temps de sa
publication, l'édition entière pour une année, étoit retenue et vendue avant
qu'elle fût annoncée.
Cependant, à mesure que les numéros publiés de l'Annuaire devinrent plus
nombreux ; que l'auteur, rectifiant graduellement sa marche, faisoit justice
lui-même des suppositions que les faits lui montroient sans fondement, et
parvenoit ainsi à donner plus de valeur à ses principes ; à Paris, l'opposition,
craignant qu'il ne parvînt à faire quelque découverte importante, devint extrême
; elle mit tout en usage, remonta même jusqu'au chef du gouvernement, sut le
circonvenir, et réussit à l'abuser sur la nature de l'objet qu'elle vouloit
anéantir ; elle lui persuada que l'auteur, membre d'un corps généralement
considéré, faisoit des almanachs, des prédictions, etc. ; etc. ; ce qui étoit
évidemment inconvenable.
L'auteur de l’Annuaire fut averti par une personne qui s'intéressoit à lui
particulièrement. Effectivement, il ne fut pas longtemps sans apprendre de la
bouche même de celui qui gouvernoit alors, son mécontentement positif sur une
entreprise qui n'avoit cependant d'autre objet qu'une étude des météores. Chose
étrange, l'auteur, en tout soumis aux lois, n'écrivant point sur la politique,
et ne s'occupant que
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